Interview de Clémentine Desseaux, une mannequin prêt-à-porter et lingerie grande taille épanouie

La rédac’ revient aujourd’hui pour notre rendez-vous mensuel qui n’est autre que la beauté généreuse du mois.

Après vous avoir parlé de la chanteuse américaine Beth Ditto le mois dernier, nous avons décidé de retourner en France pour vous faire découvrir Clémentine Desseaux, une beauté généreuse de chez nous.

Souvenez-vous, Clémentine Desseaux faisait partie de notre sélection des mannequins prêt-à-porter et lingerie grande taille en vogue. Nous avions envie de vous faire découvrir cette personnalité singulière qui détonne dans l’univers très codifié de la mode.

Nous vous proposons donc un article un peu différent puisqu’il s’agit d’une interview. Clémentine nous dit tout sur sa vie de mannequin prêt-à-porter et lingerie grande taille, de ses débuts jusqu’à aujourd’hui et donne sa vision du monde si particulier de la mode.

 « Ma vie a changé quand j’ai pris rendez-vous chez Chantelle pour un fitting. La coupe, la matière, la taille… J’avais tout faux ! »

  1. Pour nos lecteurs qui ne vous connaitraient pas, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Clémentine Desseaux et je suis mannequin. Je suis Française et habite à New York. Vous m’avez surement vu sur les petits écrans pour la publicité Castaluna où je représentais les femmes aux formes généreuses. J’étais la première mannequin curvy (ndlr : prêt-à-porter et lingerie grande taille) à la télévision française 😉 Depuis j’ai travaillé avec beaucoup de marques internationales comme Evans, Macy’s, New Look, H&M et bien d’autres …

  1. Comment en êtes-vous venue au mannequinat ? Etait-ce un rêve ou un hasard ?

Je suis arrivée la un peu par hasard. J’ai commencé à 20 ans. Stagiaire à Paris, je cherchais un petit job pour combler les fins de mois. Durant mes études en Ecole de Commerce a l’IDRAC Lyon, j’ai bossé pour 2 ou 3 clients français et européens via l’Agence Plus à Paris. J’ai terminé mon Bachelor en Marketing et suis partie aux USA à la recherche de quelque chose de différent, d’une aventure, d’une vie meilleure, du rêve américain… Je l’ai trouvé chez Dorothy Combs Models qui m’a proposé un contrat et un visa de mannequin après m’avoir découverte via la Campagne American Apparel que j’ai réalisé en 2011. Mon premier job aux USA. Depuis, tout se déroule très bien pour moi. J’ai fondé mon blog  www.bonjourclem.com et travaille sur d’autres supers projets autour de la cuisine et de la mode.

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  1. D’après vous, quels vêtements mettent le plus en valeur les femmes rondes ? Quelles boutiques aimez-vous fréquenter ?

Pour moi les conseils de mode pour les rondes sont très limités en France. En gros, on a le choix entre le look pin-up ou le look sac à patates… Depuis que je me suis exportée, je découvre que non seulement, j’ai le droit à tout comme les plus minces mais surtout que tout me va si je choisis bien. Pour moi, tout commence par une bonne lingerie. Ma vie a changé quand j’ai pris rendez-vous chez Chantelle pour un fitting (ndlr : essayage). La coupe, la matière, la taille… J’avais tout faux ! Une bonne lingerie est fondamentale pour se sentir belle et fière ! Pour mes basiques, je shop mes jeans chez Current Eliot, JBrand et Levis, mes Tshirts et chemises chez Gap et Jcrew et mes accessoires en cuir chez Mackage. Quand je veux juste flâner je vais chez H&M et Zara pour tout et n’importe quoi !

« Non, les Françaises ne sont pas toutes petites, minces et en talons Channel. »

  1. Dans une interview, vous avez dit qu’il est beaucoup plus facile pour un mannequin grande taille de travailler aux Etats-Unis qu’en France où le marché est plus petit et réticent. Pensez-vous que la situation évolue actuellement dans le bon sens en France ou est-ce trop tôt ? Si non, qu’est-ce qui bloque ?

En France, il n’y a pas de marché pour les mannequins “grande taille”. Quelques petites marques essayent avec plus ou moins de succès de proposer des créations au-delà du 42, mais ces marques là ne sont pas des clients. Elles peuvent à peine survivre alors surement pas utiliser des mannequins professionnels de manière régulière. Ce n’est pas le manque de clientes qui bloque l’évolution de l’industrie grande taille en France mais les mentalités. Le manque d’ouverture d’esprit et le manque de diversité de manière générale. La France est le mauvais élève de l’Europe en ce qui concerne la mode. La presse utilise très peu de modèles de couleurs ou de tailles variées … C’est très triste. Le mythe de la Parisienne est un gros cliché qui nous colle à la peau et que personne n’ose attaquer. Non, les Françaises ne sont pas toutes petites, minces et en talons Channel. Venez donc dans le métro à 8 heures du matin hors Fashion Week… La fiction empêche les “vraies françaises” d’exister sans être juges.

  1. Vous avez déjà posé en lingerie grande taille, nue et participé au « What’s Underneath Project », ce que peu de femmes oseraient. Qu’est-ce qui vous a décidé à le faire ? Etait-ce difficile ou avez-vous toujours été à l’aise avec votre corps ?

Je n’ai pas choisi ce métier. C’est lui qui m’a choisi et je le vois comme un moyen de rendre les gens plus heureux. Les femmes, celles qui se sentent invisibles ou stigmatisées, celles qui n’ont jamais pensé qu’on pouvait être différente et heureuse. Les jeunes filles qui ont besoin de quelqu’un à qui s’identifier et les femmes qui reprennent confiance en elles après avoir vu « The What’s Underneath Project” (ndlr : regardez la vidéo à la fin de l’article).

Oui, mon job est beaucoup basé sur l’apparence, mais ce qui fait que je travaille dur pour le garder c’est que, pour certaines raisons qui m’échappent encore, être mannequin me donne une légitimité. Quand je dis à une jeune fille qu’elle est tout aussi importante qu’une autre malgré ses différences, elle m’écoute.

Cela n’a pas toujours été aussi facile pour moi de parler de mon corps et de mes idéaux. Avant mon expatriation, j’étais une jeune fille fière et heureuse, toujours spontanée et souriante mais mon corps était un problème. J’étais différente. La société me le faisait sentir tous les jours et ce poids était dur à porter. J’ai pleuré, j’ai voulu changer, mourir même… C’est un long chemin vers l’acceptation de soi. Il vaut la peine d’être parcouru.

« J’ai découvert à travers des témoignages que la taille d’une femme n’a aucun rapport avec ses complexes. Beaucoup de femmes qui m’écrivent ne sont même pas rondes »

  1. Tara Lynn, mannequin grande taille de renom, a déclaré que la lingerie l’avait aidée à avoir plus confiance en elle. Partagez-vous cette idée ?

Tout à fait. Un bon fitting (ndlr : ajustement des vêtements) et de bons sous-vêtements changent non seulement une silhouette, mais la confiance en soi. Si l’on se sent belle et à l’aise dans sa lingerie, qu’importe ce que l’on porte par-dessus. Aujourd’hui, par exemple je porte un jean boyfriend (ndlr : jean ayant une coupe droite et élargie), des sneakers (ndlr : baskets) et un Tshirt blanc, mais je sais que je porte du Chantelle et je me sens la plus sexy de toute. Je suis persuadée que je le suis même si seulement moi le sais. L’attitude fait la tenue  😉

  1. Quelle est votre marque de lingerie grande taille préférée ?

J’adore Chantelle parce qu’ils sont de grands promoteurs de la diversité et actifs à tous les niveaux pour rendre les femmes plus belles et plus épanouies. J’aime beaucoup Panache et Fantasie aussi qui sont spécialisés en larges bonnets. La marque La Perla fait des dessous magnifiques mais je ne trouve que rarement quelque chose qui me va.

  1. Beaucoup de femmes sont complexées par leur corps. Quels conseils leur donneriez-vous pour mieux s’accepter ?

Il n’y pas de raccourci ou de recette miracle. J’ai découvert à travers des témoignages que la taille d’une femme n’a aucun rapport avec ses complexes. Beaucoup de femmes qui m’écrivent ne sont même pas rondes. Certaines sont maigres, certaines sont noires, certaines sont très grandes ou ont des taches de rousseur. Toutes se sentent différentes et stigmatisées pour ça. Je me rappelle mes cours d’Histoire au lycée où on nous disait que la peur de la différence était la cause de la Seconde Guerre Mondiale. Quand je vois certains comportements aujourd’hui, j’ai l’impression que beaucoup ont loupé la leçon… Pour mieux s’accepter il faut faire le choix de la différence pour soi comme pour les autres. Accepter que nos différences font nos forces et savoir ignorer les ignorants.

  1. Quels sont vos projets à court et long termes ? Pour qui aimeriez-vous travailler ?

J’ai dernièrement réalisé un souhait sur ma longue liste. J’ai travaillé pour H&M. Maintenant, je souhaite développer ma carrière pour pouvoir aider et toucher de plus en plus de femmes à travers mes images, mais surtout, à travers mon discours. Je veux faire évoluer les mentalités dans mon pays, dans le monde et être un modèle pour celles qui en ont besoin. J’aimerais travailler avec les marques que j’aime pour faire passer un message sain et changer l’image souvent pervertie de la mode et des mannequins.

      10.  Avez-vous quelque chose à ajouter ? Un dernier message à l’attention de nos lecteurs ?

Je vous encourage à visionner ma vidéo “What’s Underneath Project” ainsi qu’à visiter mon site www.bonjourclem.com pour plus de partages culinaires, fashion et bien-être ! N’hésitez pas à m’écrire à bonjourclem.contact@gmail.com . Je prends du temps pour répondre mais je réponds toujours… 😉

Pour terminer, voici la vidéo du « What’s Underneath Project » de Clémentine Desseaux, projet qui a pour but de montrer que le style ne se résume pas qu’aux vêtements que l’on porte, c’est un état d’esprit.

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Dans cette vidéo, la mannequin répond à des questions autour de la grande taille et de son corps. Une fois la réponse terminée, elle  retire un de ses habits jusqu’à dévoiler sa lingerie grande taille.

Nous espérons que cet article vous aura permis de mieux connaître Clémentine Desseaux et que sa joie de vivre aura illuminé votre journée.

Crédits photos : @bonjourclem Instagram

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